Rencontre avec Hélène Kudzia

Tout public

entretien

Du bout des doigts à la médiathèque Marguerite-Duras.

A Marguerite-Duras, les personnes aveugles et malvoyantes et leurs familles ont une interlocutrice de choix, Hélène Kudzia. Hélène est aveugle, comme une dizaine d’autres bibliothécaires en France, elle connaît donc bien le sujet pour lequel elle a été recrutée il y a huit ans. Munie de sa canne et d’un bloc-notes braille, elle circule dans les étages, à la rencontre de tous les publics. C’est elle qui coordonne toutes les actions. Former le personnel à accueillir le public handicapé, faire de la sensibilisation dans les écoles du quartier — son chien est son meilleur ambassadeur auprès des enfants —, mais aussi accompagner les adultes et les enfants dans la découverte des livres et des jeux tactiles, des livres audio et des livres Daisy (livres audio spécifiquement conçus pour les déficients visuels)… – son champ d’intervention est vaste. Il lui faut également gérer le fonds : Marguerite-Duras compte une centaine d’albums tactiles, des ouvrages chers, parfois fragiles et qui prennent plus de place qu’un album classique.

Hélène Kudzia est aussi en lien avec les deux éditeurs spécialisés, Les Doigts qui rêvent et Mes mains en or, à qui elle fait remonter les souhaits des lecteurs. Celui par exemple d’avoir encore des images dans les albums : « Au-delà de 7 ans, l’offre se réduit nettement. Ce n’est pas parce qu’on sait lire qu’on n’a plus droit à l’image. On manque aussi de documentaires. » L’accès au livre tactile nécessite un accompagnement. « On reste à côté de l’enfant et on lui donne des clés pour découvrir ce qu’il n’a jamais vu ou touché. C’est comment ? Ça me fait penser à quoi ? La transmission des émotions passe beaucoup par les matières. » Elle organise bientôt une exposition sur le sujet, Du bout des doigts, la fabrique du livre tactile, avec Les Doigts qui rêvent et des ateliers pour fabriquer des images tactiles. La rencontre avec Hélène permet aussi de déplacer le regard sur le handicap. « Voir un adulte aveugle qui travaille, sourit-elle, ça peut permettre à certains enfants d’envisager leur avenir autrement. »

M.B

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Médiathèque Marguerite-Duras, 115, rue de Bagnolet, Paris XXe.

M° Maraîchers, Porte-de-Bagnolet.