Animal
À partir de 11 ans
en vodLe voyage de deux enfants au cœur de la crise climatique et de la disparition animale. Un documentaire à voir en famille.
Comprendre et agir. Comprendre ce qui ne va pas dans notre rapport au vivant et voir comment faire pour enrayer la sixième extinction de masse en cours, qui a déjà vu disparaître 60% des espèces sauvages sur les 40 dernières années. Telle est en gros l’articulation d’Animal, le nouveau film de Cyril Dion qui, sur le même modèle que Demain, nous embarque sur le terrain pour rencontrer des spécialistes et découvrir des expériences concrètes. Cette fois, le réalisateur et activiste passe la main à deux jeunes adolescents, engagés pour le climat, Bella et Vipulan, auxquels il confie le premier rôle. Loin d’être une simple astuce de scénario, ce recours à la jeunesse permet de faire entendre leur voix, leurs questionnements, et de capter plus sûrement l’attention des jeunes spectateurs, auxquels le film s’adresse particulièrement.
A la célèbre primatologue Jane Goodall, figure de la sauvegarde des chimpanzés, à l’avocat indien Afroz Shah, qui se bat contre les montagnes de plastiques sur les plages de Bombay, au président du Costa Rica, Carlos Alvarado, qui a fait de la lutte contre la déforestation l’enjeu numéro 1 de son mandat, et à tous les autres, ce sont eux qui posent les questions. Et leurs questions, très pertinentes et parfois toutes simples, ramènent à l’essence des choses. Quelle est la place de l’humain ? Quel sens à notre vie ? Comment réparer ce qui a été détruit, comment garder espoir ? Que pouvons-nous faire ? Toutes ces questions nous les entendons de leurs bouches, nous les voyons sur leurs visages, nous voyons Bella et Vipulan évoluer dans leur réflexion.
Tout au long de leur voyage aux quatre coins du monde, qui les mène de Standford (USA), à la Tanzanie, en passant par l’Inde, la Normandie, Bruxelles… La caméra de Cyril Dion filme autant les écosystèmes et les interlocuteurs des deux protagonistes que leurs propres émotions. Et c’est cette combinaison qui fait que nous sommes à notre tour impliqués dans ce cheminement qui est aussi celui d’une prise de conscience.
Les images sont magnifiques, et parfois très dures (autant être prévenus !), les rencontres sont éclairantes, et parfois complexes — certains témoignages et notions nécessiteront peut-être d’être réexpliqués et ensuite discutés en famille. Certains passages nous ont particulièrement happés : les explications de Claire Nouvian, (qui se bat contre la surpêche et le chalutage en eaux profondes au sein de l’association Bloom), sur le lobbying qui prévaut à Bruxelles ; l’aberration du système dans lequel se trouve coincé l’éleveur de lapins ; l’entomologiste et ses histoires de fourmis ; la scène où les ados respirent l’odeur de menthe d’une abeille sauvage…
On en apprend beaucoup, en particulier que toutes les formes de vie sont liées et que l’humain, animal parmi les animaux, doit retrouver cette ouverture sensible. On garde en mémoire les mots de l’économiste Eloi Laurent qui, après un exposé sur la vanité du dogme de la croissance, déclare « ma raison d’être, c’est l’amour. Aimer et être aimé ».
Maïa Bouteillet
Animal
A partir de 11 ans
De Cyril Dion