Brendan et le secret de Kells

Il n’y a aucun point commun entre les péripéties du petit Kirikou et celles du jeune Brendan, si ce n’est le distributeur du film, au flair décidément sûr en matière de dessin animé novateur. On lui sait gré de son audace à oser miser sur la différence, tant dans le graphisme que dans le scénario du long-métrage animé.

Le trait et les couleurs de Brendan et le secret de Kells sont en osmose avec son ressort principal : le Livre de Kells, ouvrage du IXe siècle comprenant les quatre Evangiles du Nouveau Testament, et surtout œuvre majeure en matière d’enluminures. Le long-métrage est ainsi enveloppé d’un coup de crayon à géométrie variable, mariage heureux de la courbe et de l’angle droit, préférant souvent l’évocation à la représentation. L’imagination du spectateur, quel que soit son âge, est en éveil constant, sollicitée à chaque image devant laquelle l’œil est inévitablement à la fête.

Aux éloges sur la forme, ajoutons ceux sur le fond. L’histoire, donc. Qui, malgré son petit moine de héros et la valeur théologique du trésor qu’il protège, est d’une laïcité exemplaire. A travers cette aventure d’un garçon obligé de braver les interdits et ses peurs pour perpétuer l’art et le savoir mis en péril par la barbarie, Brendan et le secret de Kells est une inoubliable ballade où le merveilleux côtoie l’effroi. Et restera indubitablement pour le jeune specta-teur le premier souvenir marquant d’une sortie au cinéma.

Christophe Carrière

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Brendan et le secret de Kells

De Tomm Moore

Durée : 1h15

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