La Tortue rouge

Le gars est sur une barque, perdu au milieu d’une mer démontée. Pour être au large de cette façon, on suppose que c’est le rescapé d’un bateau parti par le fond. Aucune certitude. Juste une supposition. De toute façon, on s’en moque. Le malheureux a d’autres poissons-chats à fouetter. Son embarcation de fortune a été fracassée par les flots. Il se débat, nage comme il peut… et se réveille sur le sable d’une île déserte. Robinson Crusoé ? Non. Untel. Machin. Ou Truc. Un homme. Un échantillon représentatif de l’humanité. Bientôt rejoint par une majestueuse tortue rouge… qui se transforme en femme. Pourquoi ? Pareil que plus haut. On s’en bat les nageoires. La Tortue rouge, c’est un poème. Et un poème, ça ne s’explique pas. Ça se ressent. Et celui-là fait du bien. Il apaise. Il embellit. Il agrandit. Il émeut. La Tortue rouge est un film d’animation coréalisé par des animateurs français… et japonais.

Tout s’explique. La production de Loulou, l’incroyable secret, associée à celle du Voyage de Chihiro. Une union tout ce qu’il y a de plus sacrée compte tenu du résultat, proche du miracle. Pas un dialogue, pas une voix off, pas un mot pendant 1h20. Que des sons choisis, une musique épatante et, sous nos yeux, la substantifique moelle de la vie avec l’amour, la descendance, l’âge, et puis les joies, les jeux, les craintes, les dangers, la magie…

Il faut y croire. On veut y croire. Et on ne saurait faire autrement. C’est trop bon. C’est unique. C’est l’apaisement fait film.

Christophe Carrière

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La Tortue rouge

De Michael Dudok de Wit

Accessible en VOD sur Arte boutique.