Le Garçon et le Monde

Comme sujet, on a connu plus original. Comme film, on n’a pas encore vu mieux. Ça s’appelle Le Garçon et le Monde et c’est un chef-d’œuvre.

Ce n’est pas être très original que multiplier les superlatifs élogieux à l’égard de ce dessin animé brésilien, auréolé de prix partout où il est passé, et plus récemment à Annecy où il a reçu en toute logique le Cristal du long-métrage (la Palme d’or locale) et le prix du public.

Comment faire autrement ? Le Garçon et le Monde est une merveille de singularité narrative et de richesse visuelle. Sur le fond, il est question d’un gamin dont le père disparaît et qui part à sa recherche. Un voyage initiatique de plus ? Oui et non.

Car sur la forme, Le Garçon et le Monde est un patchwork d’idées et d’images, empruntant au trait infantile, à l’aquarelle haute en couleur et au collage pop art pour le graphisme. De plus, le film a l’élégance de requérir l’intelligence du public en le dispensant de dialogues compréhensibles, la langue utilisée (avec parcimonie) étant du portugais parlé à l’envers ! Une novlangue donc, pour mieux mettre en avant une aventure de notre temps, où l’industrialisation et la déshumanisation sont les méchants de l’histoire.

Les diverses musiques à base de percussions et d’instruments inimaginables (comme ces résidus de décharges utilisés par le groupe GEM) parachèvent ce bijou, d’ores et déjà une date historique dans l’histoire de l’animation.

Christophe Carrière