Menina

Il est heureux de voir que de moins en moins de cinéastes prennent les enfants pour des cakes, à leur servir des histoires les concernant sans pour autant y mettre des tonnes de sucre et de guimauve. D’ailleurs, Cristina Pinheiro n’a pas plus fait un film pour enfants que pour adultes. Elle a raconté peu ou prou un moment charnière de sa vie, quand elle avait 10 ans et qu’elle s’est aperçue que son père allait « disparaître » – dixit l’intéressé.

Ce n’est pas gai, non. Mais ce n’est pas triste non plus. C’est la vie, telle que la petite fille l’a traversée à la fin des années 1970, avec son cortège de fringues bien larges et de tubes publicitaires qu’on fredonnait dans les cours de récré (« Dans Banga, y’a des bulles, oui mais pas trop… »).

Dans le film, elle s’appelle Luisa et est la seule à être née en France, ses parents ayant fui le Portugal du dictateur Salazar. La scène d’ouverture, un plan-séquence s’il vous plaît, montre d’ailleurs la petite famille avec d’autres amis exilés célébrant la révolution des œillets.

Qu’importe si les enfants n’ont pas la référence, ils comprennent vite l’idée, le point de vue adopté étant celui de Luisa. Les grands fêtent un événement, le mal du pays chevillé au corps, et les plus jeunes profitent d’une veillée nocturne en bord de mer. Ah oui ! Car la réalisatrice a évité l’écueil des Portugais coincés dans la loge d’un immeuble parisien ! Ici, ils vivent dans une modeste maison de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur avec la mer comme horizon.

Ce n’est pas des vacances, mais ça aère ! De fait, Menina n’est pas étouffant. Ni déprimant. C’est beau, accessible, vrai, avec ce qu’il faut de poésie – dont la fameuse de Blaise Cendrars, « Quand tu aimes, il faut partir… ». Bref, il faut y aller.

CROF’

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Menina

A partir de 10 ans

Sortie le 20 décembre

De Cristina Pinheiro

Avec Naomi Biton, Nuno Lopes, Beatriz Batarda