Petite fille

À partir de 8 ans

en vod

L’histoire d’une enfant courageuse et obstinée. Un film poignant sur l’identité, la famille et la tolérance, riche de questions.

Le nouveau documentaire de Sébastien Lifshitz est un film à voir en famille pour toutes les questions, les discussions qu’il ne manquera pas d’engendrer. C’est un film lumineux et doux dont l’auteur accompagne son sujet avec la bienveillance d’images magnifiques et la patience qu’il a fallu pour l’élaborer. Un film qui parle beaucoup d’amour, tout l’amour d’une famille qu’il faut à Sasha pour mener le combat de sa vie avec courage.

Après les deux amies d’Adolescentes son merveilleux précédent film, c’est sur une petite fille pas comme les autres que se pose le regard sensible du réalisateur Sébastien Lifshitz : Sasha, 7 ans, élève en classe de CE1 dans une petite ville de province, qui depuis l’âge de 3 ans affirme « quand je serai grand je serai une fille ».

Née garçon, Sasha est une enfant trans, elle souffre de « dysphorie de genre », comme lui apprend une pédopsychiatre de l’hôpital Robert Debré : le genre auquel elle se sent appartenir ne correspond pas à celui qui lui a été assigné à la naissance et de cet écart naît sa profonde souffrance.

Autour d’elle il y a sa mère, l’autre héroïne du film, qui lutte bec et ongles pour que sa fille soit reconnue telle qu’elle est ; il y a aussi le père pour qui « Sasha c’est Sasha », son enfant quoi qu’il en soit, et les frères et sœurs qui, ensemble, dressent un véritable rempart pour protéger Sasha des attaques du monde extérieur, bien moins tolérant que cette incroyable famille.

Car ce que l’on ne voit pas à l’image, mais dont il est sans cesse question, c’est l’hostilité du directeur de l’école et des enseignants, la méchanceté d’une prof de danse qui ferme la porte au nez de l’enfant… La violence exercée par des adultes qui veulent à tout prix faire plier Sasha à la norme. Plus la pression est grande, plus Sasha s’accroche à ces signes extérieurs de féminité que sont le rose, les robes, les paillettes… dont elle se pare dans l’intimité du foyer.

La parole du médecin — qui explique à Sasha qu’elle n’est pas la seule à être atteinte de ce trouble et à sa mère qu’elle n’en n’est pas responsable, sous prétexte qu’enceinte elle désirait une fille — vient apaiser les esprits en même temps que renforcer leur combat. Pied à pied, elles gagnent des batailles même si ce combat est l’affaire d’une vie. Jupe et queue de cheval au vent, Sasha marche vers sa rentrée de CE2 comme vers son avenir.

Maïa Bouteillet

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Petite fille

A partir de 8 ans

De Sébastien Lifshitz

© Agat Films et Cie