Cette note qui commence au fond de ma gorge

Trés remarqué lors du festival Odyssées en Yvelines 2024, Cette note qui commence au fond de ma gorge, de Fabrice Melquiot, repose en grande partie sur la force du dispositif imaginé par l’auteur qui en signe aussi la mise en scène. La pièce a été écrite pour Esmatullah Alizadah, jeune et brillant musicien afghan réfugié en France. C’est lui qui a composé la musique du spectacle qu’il interprète sur scène en même temps que l’un des deux rôles. Fortement incarnée par le jeune artiste, la question de l’exil irrigue toute la pièce même si elle n’est pas à première vue au centre du propos.

L’histoire, c’est un couple qui se déchire : Aref n’aime plus Bahia, il veut la quitter, se consacrer entièrement à la musique, sans pour autant rentrer dans son pays d’origine. Mais la jeune femme ne l’entend pas de cette oreille et c’est un déferlement de mots pleins de rage qui s’abat sur l’amoureux. Une pièce coup de poing, magistralement écrite en alexandrins –  » le vers cardinal du XVIIe siècle et du rap d’aujourd’hui  » note Melquiot – et en décasyllabes – « le vers propre à la poésie épique et aux vers lyriques » –, où la fin de l’amour s’apparente à un match de boxe sous haute tension.

Un match de mots disputé au milieu du public et qui bénéficie de la puissance de jeu d’Angèle Garnier. Cette jeune comédienne fraîchement diplômée du CNSAD (Conservatoire national supérieur d’art dramatique) fera très probablement parler d’elle à l’avenir. Eperdue et vibrante d’émotion, Bahia lutte avec la langue comme elle le ferait avec ses poings face à la montagne de calme qu’impose Aref qui lui répond plus sûrement avec les notes qu’il tire de son dambura (le luth traditionnel), de son harmonium et de ses tablas.

Une sorte de Roméo et Juliette des temps modernes, rageur et désabusé. Politique et poétique.

Maïa Bouteillet

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Cette note qui commence au fond de ma gorge

A partir de 9 ans

jusqu’au 26 octobre

Théâtre de la Concorde