Fila Fila Manani

Sur la tête, dans les airs, une montagne, une mer ? Partout, tout autour de nous, la nature et les corps disparaissent sous les monceaux de sacs plastique. Un bazar de couleurs qui s’envolent, une décharge à ciel ouvert, du bleu, du jaune, du rose, du vert, du plastique qui se colle partout, dans le bec des oiseaux, la bouche des poissons, les cheveux des enfants, dans les arbres, dans l’eau et la terre…

Un conte à méditer

C’est cet absurde envahissement que raconte le chorégraphe Tidiani N’Diaye à travers la fragile et paradoxale beauté des paysages de plastique qu’il creuse et sculpte avec son corps. « Les couleurs ne se rangent pas, dit sa voix en off dans un conte à méditer. Elles se recyclent indéfiniment en criant qu’elles ont faim ! Elles ont faim de ces sachets qu’on fabrique pour emballer le monde et le revendre sur les marchés de Bamako et d’ailleurs. »

Une version pour les petits

De ce plastique qui remonte du sol dans les rues de son village natal au Mali quand il pleut, le danseur a fait l’inépuisable matière de ses récents spectacles, en particulier de Mer plastique, que l’on pourra découvrir au Théâtre de la Cité internationale, les 20 et 21 avril, et dont il a tiré Fila Fila Manani. Version pour les plus petit qui, bien que dramatique sur le fond, fait naître des instants de jeu qui font rire les enfants.

Commandé par l’Atelier de Paris, ce projet est partagé au plateau avec Thumette Léon, artiste sourde qui déploie tout un bestiaire dans sa langue des signes que petits et grands comprennent sans mal tant elle est imagée. « Le monde s’est emballé quand le rouge et le jaune ont dû quitter les ailes des papillons (…) Les couleurs sont fatiguées, elles jonchent là, à même le sol, et nous, nous cherchons, nous fouillons, nous dansons… ». On ne saurait mieux dire.

Et d’ailleurs ne partez pas tout de suite après le spectacle, Thumette et Tidiani proposent un temps d’échange et de pratique où on apprend tous ensemble à signer mer, oiseau et papillon.

Maïa Bouteillet

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Fila Fila Manani

A partir de 3 ans

Tarif 6 à 15€

Le 27 janvier à 16h

Dans le cadre du Festival Faits d’hiver

© Patrick Berger