Le Petit B

Dans Le Petit B, on n’entre pas n’importe comment : avant même que le spectacle ne démarre, les petits et les grands sont invités à un joli rituel de passage où les gestes invitent à se mettre à l’écoute, à se détendre, à partager un moment, à être avec les autres.

Et quand on se pose sur les petits coussins en arc de cercle face à l’espace scénique, on se sent déjà un peu différent. Prêt à accueillir le bras qui se lève tout doucement, les gestes qui nous frôlent parfois, le regard des danseurs. Ouverts à toutes les surprises, à toutes les transformations, comme le surgissement d’une main parmi les montagnes de poufs, la disparition ou le don d’un mamelon où poser la tête et le dos.

C’est une célébration simple du corps, un duo lumineux, une invitation à la confiance que ce spectacle tout en douceur qui se joue en grande proximité avec le public.

Pour aboutir à cette première création pour les tout-petits, la chorégraphe Marion Muzac a mené de nombreuses séances de travail en crèches, où le spectacle est aussi présenté. Il s’agit pour elle de proposer aux enfants une véritable expérience de la sensation : ils sont appelés à la vivre entièrement et en convoquant tous leurs sens. A l’issue de la représentation, les petits peuvent choisir d’entrer dans l’espace, de toucher, de jouer avec les coussins et avec les danseurs, d’en repartir ou de se tenir à l’écart. Le spectacle qui œuvre à une grande porosité entre les danseurs (ou danseuse, selon les interprètes du jour) et le public s’adresse aussi pleinement aux adultes qui les accompagnent.

Avec la plasticienne Emilie Faïf, la chorégraphe a imaginé un espace en transformation, fait de matières malléables, de formes, de couleurs et de sons où les danseurs modifient l’installation scénographique à chacun de leurs mouvements, et la rendent fluctuante par des gestes doux, presque comme par magie.

Chacun chacune est libre de voir dans ces volumes suggestifs une cohorte de seins ronds, moelleux et accueillants, un souvenir mélancolique des premiers jours de notre venue au monde, un totem hommage au giron maternel, une ode à la douceur ou plus simplement des poufs confortables qui donnent envie de se laisser tomber, de se fondre dans la matière pour entamer une sieste ou d’y sauter à pieds joints. Une bande-sonore tout en délicatesse accompagne cet instant rêvé.

Maïa Bouteillet

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Le Petit B

Dès 1 an

Le samedi 6 avril à 15h et 17h

© Frédéric Iovino