Le Petit Chaperon rouge de Céleste Germe

Le 2 mars 2024

À partir de 7 ans

Spectacle

Une version qui s’appuie sur Grimm pour déployer une forêt de nuances et d’émotions.

Das Plateau nous fait voir l’histoire tout autrement dans ce Petit chaperon rouge, créé lors du dernier festival d’Avignon par Céleste Germe. En véritable architecte de la scène, elle a imaginé tout un système visuel de miroirs et d’arrière-plans pour déplier les différentes nuances du conte par le travail de l’espace et celui des comédiens.

Jouant sur l’imagerie généralement associée à ce patrimoine littéraire, la metteuse en scène plante un décor d’Epinal, façon diorama, en avant plan duquel les deux acteurs, vêtus comme à la ville, tissent des liens entre le présent des petits spectateurs et ce conte venu du passé. Ils nous apparaissent à la fois comme des passeurs et comme des personnages quand ils puisent dans le tas de nippes, de part et d’autre de la scène, pour s’en faire des costumes et contrefont leur voix.

L’enfant assiste en même temps à l’histoire et à sa fabrication ce qui n’empêche en rien la magie du théâtre, presque au contraire. Dès lors que Maëlys Ricordeau saisit un petit fichu de dentelle, son corps se courbe, sa voix prend un tour chevrotant et la grand-mère prend vie ; qu’elle pioche une étoffe de velours rouge et sa voix part dans des aigües de petite fille. Elle est aussi la mère de la fillette et celle-ci devenue femme… Pareil pour l’acteur Antoine Oppenheim.

Les différentes dimensions s’entremêlent et c’est pourtant très clair. Le trouble, les sentiments mêlés, la confusion des mondes, les glissements de l’ombre à la lumière, le grave et le léger… tout cela s’exprime de façon merveilleuse dans les scènes de forêt qui révèlent la dimension proprement extraordinaire de cet espace du sauvage et des tentations.

C’est donc une lecture très différente de celle de Joël Pommerat que livre la metteuse en scène Céleste Germe et ses complices de la compagnie Das Plateau. Une lecture qui cherche d’avantage du côté des rapports homme femme. Et une nouvelle preuve de l’inépuisable richesse de ces contes pluriséculaires que l’on dit pour enfants mais qui au fond s’adressent à tous.

Là, où Pommerat a cherché chez Perrault l’assise d’une nouvelle écriture, Céleste Germe, qui s’adresse pour la première fois aux enfants, s’est plutôt tournée vers les frères Grimm où elle a trouvé un écho à ses précédentes créations. Elle en exhume même un épilogue peu connu, qui redonne l’avantage à la fille, finalement moins naïve qu’on ne l’aurait cru… et bien décidée à conduire sa vie.

Maïa Bouteillet

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Le Petit Chaperon rouge

À partir de 7 ans

Le 2 mars

 

© Simon Gosselin