Le Petit Garde rouge

Après Contes chinois, le metteur en scène François Orsoni et le peintre Chen Jiang Hong reprennent le fil de leur collaboration et plongent plus avant dans l’histoire de la Chine. Adapté de son album Mao et moi, Le Petit garde rouge, raconte une paisible vie de famille bouleversée par la tourmente de la Révolution culturelle. Une expérience terrible que l’artiste a surmontée grâce à l’art.

Présent sur le plateau, il ravive les souvenirs de sa maison d’enfance et son regard de petit garçon au bout de son pinceau. Sa présence sur le plateau est en soi hautement émouvante. Ses dessins ébauchent lentement un paysage ou une scène, un oiseau sur une branche… Chaque trait effectué au rythme de la main nous tient en haleine, s’attarde sur des détails et nous donne à penser. La durée qu’il faut pour qu’une histoire prenne forme sur la feuille et le temps du théâtre se rencontrent ici à merveille. Le geste du peintre sur la page, projetée en grand à l’écran, devient théâtre en soi. Tandis que les actions sur scène, les danses et les chants, le narrateur et même la musique et la création sonore semblent naître des pages dessinées.

Ce qui est beau, c’est que le spectacle nous invite à hauteur d’enfant. Comme dans l’album, l’artiste retrouve le regard du petit garçon qu’il fut et qui se trouve marqué à jamais par les événements. Il ne commente ni ne juge, il narre simplement ce qui advint alors— le départ du père, la mort du grand-père, les livres qu’on brûle —, s’attachant à des détails bien autrement que ne le ferait un adulte. Il questionne dans son geste même la fabrication des images, la propagande derrière les sourires des jeunes filles nattées, le noir funeste de la mort derrière le rouge flamboyant des foulards et de la conquête, la tristesse derrière la danse. Le dessin qui, du temps de Mao, servit aussi à l’implacable lavage des cerveaux, montre ici dans sa délicate fragilité ce à quoi tient une vie.

Le samedi 3 juin, les spectateurs pourront participer à un atelier parents enfants danse et bruitage avec des interprètes du spectacle.

Maïa Bouteillet

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Le Petit Garde rouge

A partir de 6 ans

Du 31 mai au 18 juin mars au Théâtre du Rond-Point, Paris VIIIe

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