Le Poids des fourmis

Dans le genre satire contemporaine, Le Poids des fourmis se pose là, pour traiter de la question brûlante de l’éco anxiété chez les ados, mais aussi de l’école, du rapport à l’autorité, de la citoyenneté, de la démocratie… sur un mode décapant et désabusé. Le spectacle est riche et pile poil dans son époque. David Paquet, qui a écrit le texte, et Philippe Cyr, qui assure la mise en scène, n’y vont pas par quatre chemins. Quitte peut-être à en choquer certains par le côté affreux, sale et méchant des personnages. Pour notre part, on adhère pleinement au côté rentre-dedans et frontalement politique du propos.

Le parti-pris théâtral est grotesque à souhait et l’espace scénique tout plastique annonce la couleur très provo. Une sorte de périmètre surmonté d’un palmier clinquant et environné d’une sorte de piscine à balles tient lieu de décor. Avachis dans des fauteuils à roulettes, un homme et une femme en shorts et chemises hawaïennes sirotent des cocktails fluos. Pourquoi pas, sauf qu’il s’agit là du corps enseignant d’un collège ordinaire où des élections de délégués doivent se tenir pour la Semaine du futur. Evidemment, tout le monde s’en fout et le principal, à deux doigts de la retraite, traite le sujet par-dessus la jambe. Jusqu’à ce que Jeanne et Olivier, une gamine énervée et un jeune stressé, s’en mêlent… Ensemble, ils se remontent à coup de discours enflammés et reprennent espoir face aux adultes démissionnaires (les profs, les parents, les psys…).

Avant de vous laisse découvrir leur révolte et ce qui s’ensuit, encore un mot pour dire tout le bien qu’on pense des acteur.ice.s, en particulier Gaétan Nadeau et Nathalie Claude, dans les rôles des adultes, qui tiennent avec subtilité la ligne de crête de la caricature, entre clown et théâtre, sans jamais tomber dans le lourd. Un brin théâtre forum, ce spectacle force le trait — à ne pas prendre au pied de la lettre, il ne s’agit pas de dire que les profs n’en fichent pas une — pour nous pousser à réagir. Loin de nous enfoncer, Le Poids des fourmis nous enjoint plutôt à nous mobiliser.

Maïa Bouteillet

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Le Poids des fourmis

A partir de 13 ans

du 7 au 15 mars

Théâtre Paris Villette

© Yanick MacDonald