Le théâtre du Parc floral

Tout public

Bonne nouvelle, le Parc floral retrouve une scène de spectacle sous la houlette du théâtre Dunois associé à cinq compagnies.

Un lieu imaginé comme une coopérative de création avec des artistes au travail, des spectacles à voir, des stages et des rencontres à partager, des événements à inventer où le public pourra prendre sa part. Inauguration prévue courant janvier et premier temps fort au printemps.

Il faut longer quinze bonnes minutes les allées boisées du Parc floral avant de découvrir, juste derrière un joli jardinet de fleurs, l’ancien Théâtre Astral. Et cet attrayant parcours dans la verdure offre comme un sas entre le bruit de la ville et l’écrin du théâtre. Fermé depuis plus d’un an, l’espace s’anime depuis peu d’une nouvelle vie. En voie d’être rebaptisé Théâtre du Jardin planétaire — en référence à la démarche de l’artiste jardinier Gilles Clément qui se tiendra en lisière du projet, comme compagnon sinon comme parrain —, le lieu conjuguera les axes « art, nature et petite enfance » au pluriel.

Derrière le metteur en scène et directeur du théâtre Dunois, Christophe Laluque, qui porte le projet, il y a cinq compagnies associées, créatives et motivées, toutes reconnues pour l’exigence de leur démarche en direction des très jeunes enfants : le Praxinoscope, dont l’orientation « nature » est reconnue ; AMK ; la compagnie du Porte-Voix ; Lunatic ; et  le collectif I am a bird now. Porté par l’esprit « friche », « fabrique commune », tel que Laluque l’avait expérimenté à Grigny, dans l’Essonne, le projet s’inventera à mesure. « Ce ne sera pas uniquement les artistes entre eux, ni juste pour consommer de la culture, mais un lieu de vie à partager, avec des ateliers, des stages, des rencontres… Un laboratoire de création, un espace commun que les gens pourront aussi s’approprier sous forme associative. » Il n’y a ni hall ni foyer : qu’à cela ne tienne, le metteur en scène imagine déjà qu’aux beaux jours ça se passera dehors, dans le jardin autour, « on pourra pique-niquer avant ou après le spectacle ».

En attendant de trouver les fonds suffisants pour fonctionner, les artistes se retroussent les manches pour rafraîchir le lieu avant l’inauguration, prévue en janvier, « comme des copains qui retapent une maison de vacances », déclare en souriant Christophe Laluque, plein d’optimisme malgré le manque de moyens. Des travaux ne seraient pas superflus pour modifier le rapport scène-salle, notamment la hauteur du plateau, inadaptée aux tout-petits. Mais, pour l’heure, le théâtre est exploitable en l’état.

« La simple idée de travailler dans le Parc floral, qu’il y ait de la nature tout autour, d’un point de vue purement enfantin, ça me faisait rêver! Mais je ne me voyais pas porter ça toute seule », explique Cécile Fraysse, de la compagnie AMK. L’idée de se regrouper à plusieurs compagnies était d’autant plus cohérente que nous faisons toutes partie du collectif Puzzle, nous avons l’habitude de travailler ensemble. (…) Maintenant, on va voir comment ça pousse. Il n’y a pas d’équipe, c’est un lieu en friche. Il y a un mode de gérance à inventer. » 

C’est le Dunois qui dirige et coordonne le projet, mais chaque artiste a les clés et imagine déjà ce qu’il pourra y faire. Certains se voient plutôt hors les murs, d’autres veulent tisser des liens avec les jardiniers, d’autres encore imaginent d’en faire aussi un lieu d’expos… Cécile Mont-Reynaud, dont la compagnie Lunatic travaille aussi bien en salle qu’en extérieur, y voit un espace de « jachère », pour filer la métaphore entre nature et culture. «Un endroit de réflexion, de ressourcement. Un lieu pour me poser sans être dans la course et mettre en germe de nouveaux projets. » Elle vient d’ailleurs d’y achever une résidence pour affiner l’écriture de sa prochaine création, Fileuse/De ses mains. Un dyptique né de sa rencontre avec la tisserande Simone Prouvé, dont on verra peut-être un extrait lors du festival qui devrait se dérouler au printemps.

Maïa Bouteillet

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Théâtre du Parc floral

Parc floral, Paris XIIe. M° Château-de-Vincennes, puis bus 46

C’est le théâtre Dunois qui dirige et coordonne le projet, mais chaque artiste a les clés et imagine déjà ce qu’il pourra y faire.

Christophe Laluque