Le Théorème du pissenlit
Une fable poétique et politique pour semer les petites graines de l'esprit critique.
Depuis le temps qu’il s’adresse aux enfants, Olivier Letellier sait bien qu’on peut compter sur eux pour prendre la relève. En bon conteur qu’il est, il a donc imaginé une fable, en toute complicité avec l’auteur Yann Verburgh, qui jette un pont entre ici et là-bas. Entre un enfant ici qui, le jour de son anniversaire, reçoit le jouet dont il rêvait et ceux, là-bas, au Pays-de-la-Fabrique-des-Objets-du-Monde. Entre les adultes ici qui préfèrent regarder ailleurs quand les plus jeunes posent trop de questions et ceux là-bas obligés de quitter leur village et leur famille pour aller gagner de quoi la nourrir. Un pont aussi entre la poésie et la fable politique, qui transite par l’histoire de Li-Na et de Tao, pour nous interroger droit dans les yeux sur notre part de responsabilité.
Il y a cette jolie métaphore du pissenlit, fleur sauvage de trois fois rien, qui pousse partout, et dont les graines ici s’envolent au vent pour semer la révolte des enfants. Il y a cette belle façon de travailler le collectif en passant constamment du singulier au pluriel, de la narration au dialogue, par le biais d’un joli quintet d’interprètes, filles et garçons — dont un diaboliste —, corps et voix ensemble engagés. On aime bien la façon qu’ils ont de passer d’un genre à l’autre, sans que cela pose question. Et il y a aussi cette trouvaille des caisses de transport qu’ils manipulent tandis qu’ils construisent l’histoire et qui sont tour à tour bateau, chaîne d’assemblage, tours de la grande ville, salle de classe.
Corps, lumière, costumes, objets, son… tout avance en même temps, dans une chorégraphie d’ensemble parfaitement réglée qui ne lâche jamais l’adresse aux enfants. Car le metteur en scène Olivier Letellier, qui aujourd’hui dirige les Tréteaux De France, a aussi quelque chose du pédagogue et affirme, spectacle après spectacle, une volonté de transmettre. A travers cet imaginaire qu’il fomente, avec l’auteur Yann Verburgh, qui a écrit au plateau, pendant les répétitions, il cherche à réveiller le regard critique des enfants, les incitant à toujours se questionner sur la liberté. Beau programme !
Maïa Bouteillet
_______
Le Théorème du pissenlit
A partir de 9 ans
jusqu’au 18 mars
Tarif : de 5 à 16€
Représentation bilingue français/ langue des signes française le sam 18 mars à 15h
Goûter philo samedi 18 mars à 16h.
Théâtre de la Ville — Sarah Bernhardt
1 Avenue Gabriel
75008 Paris