L’Envolée
L’Envolée c’est cette jeune fille suspendue à un trapèze, qui crève l’écran dès le premier plan.
A 14 ans, Leigh vit dans la banlieue de Brighton avec un père souvent absent. Adolescente solitaire autant que gymnaste douée, elle consacre tout son temps à s’entraîner en vue de sa première compétition. Alors que sa détermination de championne vacille sous le poids d’émotions mal contenues, l’irruption dans sa vie d’un demi frère inconnu fait basculer son monde…
La grande absente de cette histoire est aussi l’un des personnages les plus importants. Leigh a perdu sa mère, on le comprend vite, et cette perte est prégnante à chaque scène. Il n’y a personne à la maison lorsque la jeune fille rentre le soir, personne pour assister à ses entraînements ni essuyer ses larmes. Plus de regard sur lequel s’appuyer pour grandir et prendre son envol. Tout mauvais garçon qu’il est, avec sa gouaille et ses combines à deux balles, son frère Joe va lui offrir la force d’un nouveau lien.
Ce premier film de la jeune réalisatrice écossaise Eva Riley combine accent des faubourgs populaires avec les paysages riants d’une campagne baignée de soleil. Ça change ! L’Envolée a beau porter des questions dures il irradie d’une énergie toute adolescente endossée par des jeunes acteurs non professionnels formidables. Derrière son air buté et son petit nez retroussé, Frankie Box, qui incarne une Leigh à la fois forte et blessée, est capable de laisser transparaître une foule d’émotions contradictoires avec très peu. On peut en dire autant d’Alfie Deegan dans le rôle de Joe. Leur humour complice emporte notre adhésion. Eva Riley a construit son film avec eux et elle a bien fait.
Maïa Bouteillet