Les Doyens
Le premier spectacle de Christophe Honoré adressé à la jeunesse questionne l’éducation avec humour.
Ces deux-là sentent la naphtaline à plein nez ! Leurs perruques et leur ton affecté sont tout à fait assortis au décor très Panthéon Sorbonne. Rien n’y manque : ni le tableau noir, ni le squelette, ni le fatras de livres et de dossiers ni les peintures façon XIXe siècle au mur, ni même le jeune assistant/ larbin de service/ fils adoptif qui s’avère bientôt plus proche de la salle que de la scène.
Ils ont tout vu, tout lu, tout connu. Ce sont des doyens. Leur discours sont truffés de poncifs et de références plus ou moins fumeuses et la conférence de ceux qui prétendent éduquer ceux qui leur font face déraille gentiment… pour le plaisir de la salle, amplement mise à contribution. Car sous l’habit empesé du savoir académique, ces doyens sont finalement assez clowns.
Par le jeu de meubles à roulettes, l’espace se transforme en studio de danse (tango versus danse des canards), en question pour un champion, partie de ping pong, séance de spiritisme, concert de hard rock… Autant d’occasions de passer au crible, par le biais d’une écriture habile et d’acteurs excellents, bien des sujets.
Il n’est pas certain que le jeune public saisisse toutes les références, beaucoup amuseront plutôt les parents, mais les enfants comprennent assez vite l’esprit de la lettre, comme on dit, et ne rechignent pas à tenir leur rôle.
Auteur de livres pour enfants bien avant d’être le cinéaste et le metteur en scène que l’on sait, Christophe Honoré s’intéresse aux questions d’éducation, de transmission et de rapport entre les générations depuis longtemps. Il suffit de se plonger dans son J’élève ma poupée — qui n’est pas qu’ironique — ou même dans son roman Ton père pour s’en convaincre. Ce qu’il cherche là, c’est à activer l’esprit critique voire rebelle des enfants. Et, là où on attendait une confrontation conflictuelle, se dessine en fait une relation drôle et plutôt affectueuse.
Maïa Bouteillet
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Les Doyens
A partir de 10 ans
Jusqu’au 18 novembre
De 8€ à 16€
Photo : Jean-Louis Fernandez
Théâtre des Abbesses
31 rue des Abbesses
75018 Paris