Dans une résidence parisienne, un bout de terrain à l'abandon accueille un jardin partagé, un poulailler, un rocher et des bacs à compost...et fait des volontaires heureux.

Au départ, l’initiative du jardin Santerre vient d’une « révélation » : c’est comme cela que Jean- Jacques Fasquel décrit – avec un sourire – la naissance de sa conscience écologique. Il réfléchit à l’environnement, au réchauffement climatique, au recyclage. Et il se dit, en tant que locataire d’une grande résidence du XIIe arrondissement de 500 logements, qu’il serait intéressant de mettre en place un projet de compostage. « Au début, il ne s’agissait que de traiter des déchets, explique-t-il.Et peu à peu, c’est devenu un laboratoire d’agriculture urbaine. » On y cultive bio, la cabane du jardin possède des récupérateurs d’eau, et les enfants peuvent constater par eux-mêmes que se retrouvent lors de deux  « les tomates ne poussent pas dans des barquettes ». Bref, une vraie petite école buissonnière. Mais pas seulement : c’est aussi une verdoyante machine à fabriquer du lien social. En effet, depuis les premiers bacs à compost installés en 2008 (qui sont approvisionnés par 80 foyers et permettent de transformer 3 tonnes de déchets organiques), il y a désormais 45 parcelles cultivées, un poulailler et un rucher. On se croise ici ou là, entre les semis et les récoltes. On se partage le miel, on se relaie pour s’occuper des poules et ramasser les œufs. Et deux fois par an, tous les jardiniers grandes fêtes, pour, aux mauvais jours, concocter une grande soupe collective avec les légumes du jardin. Il y a deux ans, lors d’une fête d’été, on a tellement chanté que cela a donné l’idée de monter une chorale – et, désormais, les participants se retrouvent aussi pour les répétitions. Le projet dont rêve Jean-Jacques Fasquel – qui, depuis, est devenu maître composteur et accompagne d’autres initiatives – , c’est de creuser une mare, pour accueillir des grenouilles et quelques canards. Cela augmentera la biodiversité et en plus… cela occasionnera un de ces grands chantiers du jardin : « Les meilleurs moments, résume-t-il, c’est quand on construit quelque chose ensemble. »

O.C.