Château de la Ferté-Saint-Aubin

Tout public

au vert

A deux heures de Paris, dans un château plein de surprises, une famille de passionnés a reconstitué une gare de l’Orient-Express.

Le temps semble s’être arrêté dans la gare : tout y respire les années 1930, des lampes en cuivre Art déco aux bancs de bois, en passant par les affichettes destinées aux voyageurs. Forcément, tous les objets présents ont été chinés dans des brocantes, au fil du temps, pour reconstituer avec patience et minutie une gare du temps d’Hercule Poirot, à partir d’un vieux bâtiment de ferme qui tombait en ruine un peu à l’écart du château. Et juste à côté, à l’extérieur, une locomotive à vapeur – dans son jus – invite les visiteurs à grimper dans la cabine du conducteur, tandis qu’un wagon de l’Orient-Express complète l’ensemble, sur quelques mètres de voie ferrée.

C’est un peu le clou de la visite, et pourtant, ces deux témoins rares d’un temps révolu auraient pu finir à la casse, si Jacques Guyot, le propriétaire du domaine, ne les avait rachetés pour une somme symbolique et transportés là, au château de la Ferté-Saint-Aubin (à une vingtaine de kilomètres d’Orléans), avec quatre autres wagons anciens. Le transport a d’ailleurs été épique : il a fallu une semaine pour acheminer la locomotive jusque-là, et deux énormes grues de cent tonnes pour la charger et la décharger. « Mon père est tombé sous le charme de cette vieille locomotive à vapeur, précise Lancelot Guyot, qui, une fois ses études achevées, vient de reprendre la gestion du lieu. C’était la dernière à rouler en France, dans les années 1970. C’est à partir de ce moment qu’il s’est mis à collecter des objets en lien avec les trains de l’entre-deux-guerres, du poinçonneur à la vaisselle estampillée Compagnie internationale des wagons-lits. » La gare de l’Orient-Express est donc née ainsi, de beaucoup d’efforts et de passion.

Il y a quelques années, le château a mis en vente quatre des cinq wagons aux enchères (« Ce n’était pas de gaieté de cœur, mais il fallait refaire la toiture »). C’était des wagons mythiques : trois de l’Orient-Express, dont un wagon-restaurant datant de 1928, en bon état ; ainsi qu’un wagon-lit assez exceptionnel de la compagnie Paris-Lyon-Marseille. Ils ont été adjugés cinq fois la somme espérée et sont partis en Alsace, en Suisse ou en Bretagne (l’un d’eux ayant été racheté par un gérant de camping qui comptait le rénover pour en louer les cabines).

Notez qu’à la Ferté-Saint-Aubin, on ne visite pas seulement cette gare – où l’on trouve aussi un comptoir avec des rafraîchissements, comme dans toute gare qui se respecte ; on peut aussi flâner dans les parties ouvertes au public et meublées comme autrefois, s’attarder dans les cuisines pour déguster des petites madeleines, contempler la collection de poupées ou jouer en plein air à des jeux anciens (prévoyez d’y rester quelques heures). Chaque année, le château accueille 50 000 visiteurs, et les droits d’entrée contribuent aux (énormes) travaux de rénovation.

____________

Château de la Ferté-Saint-Aubin

Gare de l’Orient-Express, château de la Ferté-Saint-Aubin, Loiret (45)

Ouvert tous les jours en juin, juillet, août, de 10 h à 19 h

Tarif : 9 euros, enfants de 4 à 16 ans : 6 euros