« Tu te souviendras de moi. »

Jusqu'au 23 juillet 2023

À partir de 10 ans

expo

Présentant près de 150 dessins, lettres, photos et documents d’archives, l’exposition « Tu te souviendras de moi » donne à entrevoir ce lieu d’humanité que fut la maison d’Izieu.

« Tu te souviendras de moi. »

Paroles et dessins des enfants de la maison d’Izieu

 

L’exposition n’est pas grande mais elle est d’importance. Il peut être plus aisé, surtout pour les plus jeunes, de la commencer par la fin, par les dessins et par le film, qui sont les traces à travers lesquelles on peut entrer dans l’histoire de cette maison d’Izieu, colonie particulière, dans le Jura, où trouvèrent refuge 105 enfants juifs, de 3 à 16 ans, pendant la Seconde Guerre mondiale.

Plus de 150 dessins, lettres et photos

Penchés sur les vitrines, on découvre des scènes de cow-boys et d’Indiens, un chat botté, des pirates ou encore des images inspirées des aventures d’Ivan Tsarévitch, héros de multiples contes traditionnels russes. Les jeunes orphelins cachés dans cette maison ne représentaient pas leur quotidien, mais s’évadaient à travers leurs lectures et les activités artistiques.

Ces dessins dignes du Club des cinq constituent les derniers témoignages de leur jeune imaginaire, et il est très émouvant de pouvoir les regarder en même temps que les photos aux petits visages souriants. Comme il est émouvant de lire leurs lettres au graphisme tremblé et à l’orthographe hasardeuse. Mis bout à bout en une longue bande de papier panoramique, les dessins étaient présentés en feuilleton à toute la collectivité lors de soirées de projection, à la lueur d’une bougie, sur le principe de la lanterne magique.

Grâce à un projet lancé en 2021, avec le concours de l’école d’animation Emile-Cohl et d’une classe de collégiens non francophones de Vaulx-en-Velin, on peut voir aujourd’hui le film qu’ils auraient voulu réaliser.

Les jeunes orphelins cachés dans cette maison ne représentaient pas leur quotidien, mais s’évadaient à travers leurs lectures et les activités artistiques. 

MAHJ

L’importance de la pratique artistique 

Pour Sabine Zlatin, qui avait fondé cette maison en 1943, avec son mari, Miron Zlatin, l’OSE (Organisation de secours aux enfants) et le soutien de la préfecture de l’Hérault, c’était aussi fondamental pour les enfants que d’être nourris et de dormir au chaud. Juive d’origine polonaise arrivée en France en 1920, et peintre elle-même, elle s’était formée dès le début de la guerre aux soins infirmiers pour servir le pays qui l’avait accueillie.

En parcourant l’exposition, on découvre avec quelle ténacité ce couple et les autres adultes de l’équipe (dont le cuisinier, Philippe Dehan, qui assurait aussi les ateliers cinéma) se sont battus pour ces enfants – dont 44 seront déportés le 6 avril 1944, avec sept éducateurs.

Absente le jour de la rafle – elle était à Montpellier chercher de nouvelles solutions pour parer au danger –, Sabine Zlatin revint sur place quelques jours plus tard, malgré le danger, pour rassembler les dernières traces, dessins et documents qui constitueront les prémices du mémorial de la Maison d’Izieu. C’est grâce à son témoignage, lors du procès Barbie, en 1987, qu’a été découverte l’histoire des enfants d’Izieu.

 

 

Intitulée « Tu te souviendras de moi », ainsi que l’écrivaient certains petits pensionnaires dans le carnet de l’un d’entre eux, le jour de son anniversaire, cette exposition (augmentée d’un ouvrage passionnant, « On jouait, on chantait, on s’amusait. » Paroles et images des enfants d’Izieu 1943-1944) restitue noms et visages et laisse entrevoir la lueur d’un havre.

Maïa Bouteillet

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« Tu te souviendras de moi. » Paroles et dessins des enfants de la maison d’Izieu

A partir de 10 ans

Jusqu’au 23 juillet

Tarif : 10 €, 7€

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