Tolkien, voyage en Terre du Milieu
Une grande exposition consacrée à l’œuvre de J.R.R. Tolkien met en lumière la lente et luxuriante genèse de cette épopée merveilleuse.
D’abord, il y a ses dessins. Des paysages dessinés à l’encre noire, ou délicatement rehaussés de couleurs d’aquarelle. Des personnages, des maisons, des arbres. Un monde dont on ne décèle pas forcément tout de suite l’étrangeté, et pourtant… Cet univers-là, celui de la Terre du Milieu où s’enracine son œuvre littéraire (dont le Silmarillion et Le Seigneur des Anneaux), a surgi au fil du temps de l’imaginaire sans limites de John Ronald Reuel Tolkien.
A travers les courtes vidéos présentées dans l’exposition, on le découvre, lui, ce créateur singulier : vêtu d’une veste en tweed, les cheveux blancs, le long visage plein de rides, il a parfaitement l’apparence de ce qu’il était, un éminent professeur de lettres et de langues à Oxford. Mais il y a cet éclat du regard malgré le temps, et cette petite feuille qu’il sort de sa poche et qu’il déplie, pour lire face caméra une citation de Simone de Beauvoir notée dans le journal : « Tous les hommes sont mortels ; mais, pour chaque homme, sa mort est un accident et, même s’il la connaît et y consent, une violence indue. » Il sourit : il vient de nous donner l’une des clés de son œuvre, cette question de la mort qui la parcourt.
Tout au long de la visite, d’autres clés apparaissent, toutes déterminantes – la passion des langues, bien sûr (il avait même inventé une langue des elfes bien avant de leur donner vie dans ses livres) ; la découverte de textes comme les sagas norroises, qu’il sait lire dans le texte ; la mort de son père, puis de sa mère, dont il gardera l’empreinte à jamais ; la bataille de la Somme, durant la Première Guerre mondiale, avec ses terres dévastées et noires comme le Mordor (une région terrifiante de la Terre du Milieu) ; ou l’amour qu’il porte à sa femme, Edith, et à leurs quatre enfants, auxquels il destine nombre de ses écrits : des contes, des lettres prétendument rédigées par le Père Noël (et illustrées avec un touchant talent) ; et ce drôle de récit qui sera publié presque par hasard en 1937 sous le titre de The Hobbit, et qui connaîtra un succès fulgurant.
L’exposition présente aussi des manuscrits inédits de Tolkien, de superbes tapisseries réalisées à partir de ses aquarelles, des tableaux de préraphaélites anglais, des épées médiévales, des photos de famille… Comme un immense puzzle dont les pièces enfin rassemblées laissent entrevoir l’énigmatique et fascinant processus de la création.
Pour mieux en percer les secrets, la BNF propose aussi des visites guidées tout public et des ateliers pour les enfants pendant les vacances de Noël. Notez aussi, à l’intention des plus grands, des conférences prometteuses sur « Tolkien géographe » ou « Illustrer Tolkien » en décembre, ainsi qu’un grand colloque sur « Tolkien et la guerre » en janvier.
O.C
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Tolkien, voyage en Terre du Milieu.
A partir de 11 ans.
Jusqu’au 16 février 2020.
Du mar au dim de 10 h à 19 h, nocturne le jeu jusqu’à 21 h.
Fermé les 25 décembre et 1er janvier.
Tarif : 11 €, réduit : 9 €.
Bibliothèque nationale de France–François-Mitterrand, quai François-Mauriac, Paris XIIIe.
M° Bibliothèque-François-Mitterrand.
BNF François-Mitterrand
quai François-Mauriac
75013 Paris