Entretien avec François Taddei

Tout public

entretien

Biologiste et directeur du Centre de recherches interdisciplinaires de Paris, François Taddei livre, dans Une idée folle, une vision pionnière et généreuse de l’école.

Biologiste et directeur du Centre de recherches interdisciplinaires de Paris, François Taddei livre, dans Une idée folle, une vision pionnière et généreuse de l’école.

Les différents acteurs du film nous disent que les valeurs du futur seront l’empathie, la coopération plutôt que la compétition. Comment l’école doit-elle évoluer pour former les citoyens de demain ?

François Taddei: Aujourd’hui, il y a un consensus international sur le fait qu’on aura besoin de citoyens ayant développé ces qualités-là. La meilleure manière de les transmettre, c’est déjà d’amener les enseignants au cours de leur formation à coopérer entre eux. Si on implique les élèves dans des pédagogies de projet, ils comprennent vite l’intérêt de coopérer. En sport, par exemple, pour former une équipe, il faut des profils différents. Dans le domaine des idées, pareil, on a tous des idées, on a tous des expériences différentes qui peuvent profiter à l’ensemble.

Comment se fait-il que l’école de la République, au nom de l’égalité, en est venue à creuser les inégalités ?

F.T.: On est complètement dans la méritocratie. Il y a des familles qui surinvestissent l’éducation de leurs enfants et d’autres non, souvent parce qu’elles ne le peuvent pas. A l’école, les enseignants ont un programme à respecter, donc ils avancent avec ceux qui suivent. Et quand l’enfant a commencé à échouer, il se trouve pris dans la spirale de l’échec. On a décidé de permettre aux enfants autistes d’être scolarisés en milieu ordinaire, avec les autres élèves, c’est bien, mais on n’a pas du tout formé les enseignants pour cela. Dans d’autres pays, face aux difficultés de certains, les professeurs s’efforcent de trouver des solutions avec des pédagogues, des chercheurs. Ici, on investit très peu pour la recherche dans le domaine de l’éducation.

Le film montre des exemples au sein de petites structures. Est-ce transposable à plus grande échelle ?

F.T.: Dans d’autres pays, ça marche. Il y a des établissements qui savent faire réussir leurs élèves. Il existe des prix de l’innovation chaque année, mais on ne réfléchit pas assez avec les innovateurs pour voir comment profiter de leur expérience. Certaines idées ont été intégrées à la réforme du collège, mais quand on impose quelque chose d’en haut, ça ne fonctionne pas.