Ateliers d'artistes autogérés, le 6b à Saint-Denis se veut aussi un espace de vie ouvert sur la ville et ses habitants.

En arrivant à Saint-Denis par le RER D, la palissade en bois ornée de dessins d’enfants aux couleurs vives offre un signal bienvenu dans un paysage plutôt gris. Le quartier est en pleine mutation et le 6b s’est glissé dans les interstices. Ce lieu de création autogéré, situé dans un ancien immeuble de bureaux au beau milieu du chantier Néaucité, a vu le jour à l’initiative de l’architecte Julien Beller, qui vivait non loin de là, et d’une poignée d’artistes en recherche d’espace pour travailler. Ensemble, ils ont trouvé un terrain d’entente avec le promoteur qui, en mécène, leur laisse le lieu à disposition.

En arrivant au 6b, on retrouve le talent graphique de Gonzague Lacombe, l’auteur de la palissade, qui a aussi créé un magnifique jeu de l’oie pour les enfants (avec Laurent Petit de l’Agence de psychanalyse urbaine) dans le cadre du festival FAR (Fabrique à Rêves) autour de l’histoire de Saint-Denis. Malgré les totems, le côté bariolé et les longs tuyaux rouges qui ornent la façade, le 6b n’est ni une friche ni un squat mais un lieu pérenne qui abrite plus de 160 résidents sur six étages et 7000m2 et bénéficie du label Fabriques de culture de la région Ile-de-France.

Régi par un conseil d’administration qui se réunit chaque semaine pour examiner les projets et gérer son fonctionnement, le 6b est surtout un modèle de coopération. Une véritable ruche. Que ce soit sur le parvis où des artistes posent les derniers éléments d’une structure avec terrasse, à la cantine où deux résidents oeuvrent en cuisine, dans les espaces communs ou sur la plage côté canal de Saint-Denis durant le FAR : chacun donne un coup de main à la hauteur de ses moyens.

Plusieurs centres de loisirs et associations du coin y ont déjà leurs habitudes et il n’est pas rare d’y croiser des enfants en atelier avec des artistes. Le comité départemental du tourisme de Seine-Saint-Denis qui travaille beaucoup avec le 6b a bien compris qu’il y a là une mine d’énergies créatives. Pour s’en rendre compte, il suffit de se rendre aux portes ouvertes des ateliers d’artistes, aux expositions de résidents, de fréquenter la cantine.