Portrait de Lucie Béguin

Tout public

portrait

Au Nouveau Théâtre de Montreuil, Lucie Béguin pose des mots sur ce que certains ne peuvent voir.

Elle est arrivée à Paris pour se former et le Nouveau Théâtre de Montreuil qui l’emploie à l’accueil billetterie l’a aussi recrutée pour ça : Lucie Béguin est auteure en audiodescription, c’est-à-dire qu’elle décrit tout ce que le spectateur non voyant ne peut ni voir ni entendre. « Il faut être le plus objectif possible, pour ne pas empiéter sur les sentiments du spectateur, sur ses émotions. On est sur le fil entre la description pure et le fait de donner un maximum de clés pour la compréhension. » Elle a postulé au moment où le NTM réfléchissait justement à développer l’accessibilité. Débutante, elle n’exerce pas ses talents en audiodescription à plein temps, mais c’est le métier qui la motive.

Pour l’instant, elle travaille sur un spectacle par an ; Accès culture (voir p. 14) fait le reste. Un spectacle, c’est énormément de travail : il faut le voir bien sûr, faire des recherches, écrire, réécrire, travailler sa voix. Lucie Béguin lit son texte en direct, dans le temps de la représentation, qui parvient aux spectateurs non voyants par le biais de casques audio. La jeune femme de 29 ans, qui a fait des études d’art avant d’être souffleuse au théâtre Liberté à Toulon, évoque la sculpture pour parler de son métier : « Le texte est un matériau qu’il faut sans cesse retravailler. » On compte en moyenne une heure de travail par minute de spectacle, un peu moins de trois semaines pour un spectacle d’une heure trente. L’an dernier elle a décrit Dark Circus de Stereoptik, cette saison ce sera L’Homme de plein vent de Pierre Meunier, assorti d’une visite tactile du décor. « Il faut laisser le spectacle respirer, éviter de trop en dire. Les silences, c’est important. » A partir des retours des spectateurs concernés, mais aussi des artistes, elle peaufine sa technique. « Etre utile, partager son texte… », les motivations ne manquent pas. La jeune femme, qui poursuit une pratique artistique, voudrait développer l’audiodescription dans les arts plastiques. Il paraît que c’est un métier en plein essor.

M.B