Entretien avec Adeline, dans le cadre du Défi Familles Zéro Déchet

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Zéro déchet en appartement, un vrai défi !

« Ce sont mes enfants qui m’ont parlé du Défi Familles Zéro déchet organisé par la ville de Nogent-sur-Marne : ils sont rentrés de l’école avec de petits dépliants, et ils m’ont dit « On veut le faire.  » C’est ainsi qu’Adeline, 37 ans, son mari et ses trois enfants, âgés de 5 à 9 ans, se sont engagés dans ce parcours, comme 90 autres familles de l’agglomération. Le projet : six mois pour réduire drastiquement le volume de ses poubelles (ordures ménagères et recyclées incluses), le tout en étant accompagné par la mairie de Nogent, qui propose tout au long du programme des ateliers pour donner des pistes de changement.

« Le principe, c’est qu’une fois par mois, on pèse nos déchets sur une petite balance (donnée par la mairie en même temps que des sacs réutilisables et des bocaux) et on envoie ce chiffre aux organisateurs du Défi, pour essayer de s’approcher du zéro déchet. Evidemment, au début, ce n’est pas facile. D’autant que nous vivons dans un appartement sans balcon, au cœur d’une résidence qui refuse absolument l’idée de bac à compost, et que ma cuisine est trop petite pour accueillir un lombricomposteur. » La mairie a donc accepté d’ouvrir aux familles participantes ses propres bacs à compost, d’ordinaire réservés aux agents municipaux. « C’est le côté bénéfique du défi : chaque famille soulève des problématiques, ce qui permet ensuite d’imaginer des solutions collectives ; mais il y a aussi toute une démarche personnelle à faire, pour trouver les bonnes adresses, les bons réflexes, les bonnes recettes. Internet et les réseaux sociaux aident beaucoup dans ce cas. Mais ce qui compte surtout, c’est de commencer par un petit pas, comme dans un entraînement de sport. Un changement à la fois, sinon c’est trop dur et on se décourage. Moi, par exemple, j’ai d’abord décidé de ne plus me démaquiller avec des cotons jetables, mais avec des serviettes lavables ».

Chaque famille soulève des problématiques, ce qui permet ensuite d’imaginer des solutions collectives.

Adeline, 37 ans

Pour Adeline, c’est une étape de plus dans un processus qui a débuté il y a quelques années déjà, pendant sa première grossesse. « J’ai commencé à réfléchir à mon alimentation : je me suis mise au bio, j’ai supprimé les plats tout préparés. J’ai cherché les fruits et légumes de saison et les circuits courts, j’ai changé ma manière de consommer — d’autant que, baisse de salaire oblige, les fins de mois étaient plus serrées. Pendant mon congé de maternité, c’était plus facile, parce que j’avais du temps. Mais même ensuite, en reprenant mon travail, j’ai continué : désormais, je fais la cuisine pour la semaine le dimanche après-midi, avec les enfants. C’est un moment qui me tient à cœur, les enfants adorent m’aider, et en plus c’est pratique parce qu’il n’y a plus qu’à réchauffer le soir. J’ai comme ça toute une série de recettes simples, bonnes, à majorité végétariennes — parce que moins de viande, c’est mieux pour la planète. C’est ma grande préoccupation, et ma motivation : quelle planète on va leur laisser ? »

La famille achète son alimentation en vrac, ses vêtements, ses meubles et ses jouets sur le Bon Coin ; et revend tout ce qu’elle n’utilise plus. « Cela nous oblige à nous demander : de quoi a-t-on vraiment besoin ? Au final, on consomme moins. Mais faire accepter cette démarche à nos proches, quand on a soi-même été élevée dans les années 80, avec l’idée du tout-jetable et de la profusion, n’est pas toujours évident… » Pour des grands-parents qui ont envie de faire plaisir à leurs petits-enfants, difficile en effet d’adopter l’idée de cadeaux immatériels, « comme un spectacle à Paris ». Prochain grand changement en vue : trouver un mode de déplacement plus écologique. « Je prends la voiture pour un oui ou pour un non, parce que j’ai des journées un peu folles. Mais il y a quelques jours, ma fille aînée m’a dit : « On est peut-être la famille zéro déchet, mais on n’est certainement pas la famille zéro pollution. » Sur le moment, cela m’a un peu soufflée. Depuis, je réfléchis à la façon dont je pourrais m’en passer. »

Orianne Charpentier

 

Visuel © Camille de Cussac