Entretien avec Camille, « madame sans sac »

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entretien

Savoir s'organiser, pour être zéro déchet sans improvisation.

Au marché de Plaisir (78), on l’appelle « madame sans sac ». Dans sa cuisine avec vue sur le jardin et l’enclos des poules, une longue rangée de bocaux et un mot d’ordre placardé au-dessus  : « Je n’aime pas que mes tomates voyagent plus que moi .» Mère de 3 enfants (9, 12 et 14 ans), Camille ne fréquente plus les grandes surfaces, elle alterne Amap, marché et épicerie bio, le tout à vélo avec ses boîtes et ses sacs. « Cela demande une organisation, on ne peut pas être zéro déchet dans l’improvisation. »

Zéro déchet, vraiment ? « On est loin d’être à un bocal de déchets pour l’année, comme Béa Johnson* », prévient Camille, qui mesure tout et reporte les chiffres sur des graphiques très précis pour les besoins du défi. Mais avec 49 kilos (par an et par personne), la famille fait quand même beaucoup mieux que les 458 kilos de moyenne nationale. Ancienne contrôleuse de gestion, elle aborde le sujet avec méthode. « J’ai toujours été sensible à l’environnement, peut-être grâce aux scouts, mais je n’ai pas du tout été élevée comme cela, mes parents n’ont jamais acheté bio. Quand j’ai commencé, c’était plus pour des questions de santé que pour préserver la planète. Ma première décision importante a été d’intégrer une Amap. »

Il y a deux ans, elle crée le label « Ecokado », à apposer sur les invitations aux goûters d’anniversaire pour inciter les parents à ne pas offrir de cadeaux neufs. Ainsi, ses filles offrent des carnets de bons qu’elles customisent elles-mêmes — bon pour une pyjama ou une crêpes party, bon pour une sortie à la ferme aux papillons… — et apparemment cela plaît aux copains. Et comme la grand-mère propose des virées shopping de temps en temps, les enfants acceptent mieux l’engagement de leur mère dans le défi Rien de neuf. « Y participer, c’est avant tout questionner ses achats, le temps de trouver la filière pour trouver l’objet d’occasion. On a le temps de s’interroger pour savoir si on en a vraiment besoin. »

Ces questionnements, Camille ne les limite pas à son foyer. Très investie sur le terrain avec l’association Plaisir en transition dont elle est vice-présidente, elle planche aussi sur sa reconversion professionnelle. « Je ne peux plus travailler pour une entreprise qui n’a d’autre objectif que de rémunérer ses actionnaires. » A 42 ans, Camille suit un mooc pour « devenir entrepreneur du changement ». C’est comme ça qu’il lui est venu l’idée de créer un escape game de sensibilisation à l’environnement : cette fois, il ne s’agit plus de trouver les moyens de sortir d’un espace fermé, mais de trouver les bons gestes pour sauver la planète. Son jeu est encore en phase de test, alors on n’en dira pas plus. 

Maïa Bouteillet

 

Visuel © Camille de Cussac