Entretien avec Guillaume Gaudry
Tout public
entretienEn Seine-Saint-Denis, les services des parcs et de la petite enfance travaillent ensemble pour éveiller les tout-petits à la nature, comme en témoignent le livret « A la découverte de la nature avec les jeunes enfants » et plusieurs expériences menées dans le département.
Rencontre avec Guillaume Gaudry, chef de service adjoint des parcs urbains.
Le livret « À la découverte de la nature avec les jeunes enfants » sort au moment où l’on parle beaucoup de l’importance d’être en lien avec la nature. Qu’est-ce qui a motivé l’édition de ce livret ?
Guillaume Gaudry : C’est vrai qu’il y a un mouvement général et que l’épidémie contribue à éveiller les consciences. Mais en Seine-Saint-Denis, cela fait près de quinze ans que les services culture, de l’enfance et des espaces nature collaborent à différentes expériences d’accueil des tout-petits comme les résidences d’artistes dans les parcs départementaux. Nous avons aussi participé à des groupes de travail avec le ministère de la Culture, conduits par la pédopsychiatre Sophie Marinopoulos, sur l’éveil du tout-petit. Ce sont toutes ces expériences et actions sur le terrain des animateurs nature qui ont nourri le livret pédagogique.
Comment se déroulent ces expériences d’accueil des bébés ?
G.G. : Nos animateurs nature accueillent les crèches chaque semaine dans les parcs. Il y a aussi le festival Un neuf trois Soleil !, un partenaire avec lequel nous cherchons à développer le rapport à la nature : entendre un violoncelliste à l’orée d’un bois ou rencontrer un jongleur dans une prairie en fleurs, c’est magique pour les jeunes enfants, mais aussi pour les adultes qui les accompagnent.
Il y a cinq ans, nous avons ouvert au parc de la Poudrerie le jardin d’Emerveille, avec la Compagnie des Demains qui chantent, de Vincent Vergone. Une petite bulle d’expérimentation et d’éveil à la nature par la culture, qui accueille à chaque séance une quinzaine de bébés avec leurs accompagnants. Dans ce jardin, l’enfant est libre de découvrir plein de choses : un terrier où l’on peut entrer tout entier, un pavillon de lecture – on sait que les livres jouent un grand rôle dans l’imaginaire des enfants –, de la musique, de l’eau, des végétaux et tout un tas de matières différentes… C’est un espace sensoriel qui permet de connecter l’enfant avec son environnement naturel.
Depuis le mois d’octobre, les Demains qui chantent testent des accueils en forêt avec un même groupe de bébés et de parents. Une immersion un peu à la manière des Forest Schools, mais qui est conçue cette fois pour des très petits. Cette expérience est suivie scientifiquement pour mesurer l’impact sur le développement de l’enfant.
C’est une expérience pilote à petite échelle. est-il possible qu’à l’avenir les enfants accueillis dans les crèches du département en profitent eux aussi ?
G.G. : Nous souhaitons déployer ce type d’expérience. Comme le dit Sophie Marinopoulos dans son rapport sur la santé culturelle des bébés, le lien avec la nature est primordial, d’autant plus dans des zones urbaines sensibles comme en Seine-Saint-Denis. Tout cela pose des questions de société sur la bienveillance et l’attention portée au bien-être de l’enfant, mais aussi sur la dérive de la législation française, qui, à force de normes hygiénistes et de règlements de sécurité, produit des situations ubuesques où les enfants ne peuvent plus marcher pieds nus et où les espaces extérieurs des crèches sont 100 % en plastique.
Propos recueillis par Maïa Bouteillet
Après la pause hivernale, le Jardin d’Emerveille rouvre le 21 avril.