Entretien avec Pauline Lamy, fondatrice du Musée de poche.

À partir de 3 ans

entretien

Le Musée de poche, lieu charmant qui fait office à la fois de galerie d’exposition, de librairie-boutique, et de centre de pratique artistique, rouvre ses portes… au point d’accueillir à nouveau les enfants pour ses ateliers Arty — une vraie petite révolution en ces temps de crise sanitaire, où permettre aux petits participants d’être plus proches de l’art tout en gardant ses distances sonne comme un défi. Mais pour Pauline Lamy, la fondatrice du lieu, c’est à la fois une nécessité et l’occasion « de se sentir enfin utile ». La crise a eu pour effet d’approfondir le sens qu’elle donne à sa structure : plus que jamais, elle a la conviction que l’accès au dessin et à la culture offre aux enfants des possibilités d’évasion merveilleuse.

‣ Vous êtes parmi les premiers lieux à proposer à nouveau des ateliers pour les enfants, qu’est-ce qui vous a décidé ?

 

Pauline Lamy : J’anime en ce moment des ateliers artistiques dans certaines écoles primaires, à Paris. La mairie a mis en place un protocole très sérieux dont je me suis inspirée pour les futurs ateliers du musée de Poche : on porte un masque et une blouse, on se lave les mains au gel, et chaque enfant reçoit une petite pochette personnelle qui contient son matériel à dessin, avec pour consigne de ne pas l’échanger avec les autres enfants. Les ateliers se font par groupe de quatre, et c’est un vrai bonheur. Bien sûr, les conditions de retour à l’école sont spéciales : chacun doit se tenir à distance raisonnable des autres (il faut juste parfois le leur rappeler) ! Mais, contrairement aux appréhensions que l’on pouvait avoir, cela se passe bien. Les enfants que je croise sont heureux d’être là, ravis de participer aux ateliers. Je sens qu’ils en ont besoin, qu’ils ont vraiment manqué d’interactions, que s’exprimer en dessinant leur fait du bien.

Plus que jamais, ils ont besoin de dévoiler leurs émotions, de libérer leur imaginaire, de s’échapper, de rêver...

Pauline Lamy

‣ En plus des gestes barrière, qu’est-ce qui va changer dans les futurs ateliers du Musée de Poche ?

 

P-L. : Plutôt que des gestes barrière, je préfère parler de gestes protecteurs — l’idée, c’est qu’en prenant un peu de distance, on se protège soi et les autres. Et justement, ces gestes-là vont être intégrés au rituel que nous avions habituellement au début de chaque atelier : d’ordinaire, nous commençons par montrer une maquette du Musée de poche, pour expliquer aux enfants ce qu’est notre lieu, qu’il est comme un musée, avec des œuvres d’art accrochées au mur, mais en tout petit format. Les enfants aiment cette présentation, parce qu’ils adorent l’idée de jouer avec les échelles. Mais cette fois, en plus, nous aurons un bref temps pour expliquer ces gestes — c’est l’occasion aussi de leur faire parler du « coronaminus », pour reprendre l’expression d’un petit garçon. Minus, parce qu’il est tout petit, qu’on ne le voit pas, mais qu’il faut faire attention quand même.

L’autre changement, c’est évidemment le nombre de participants : d’une douzaine, on passe à 6 maximum. De même, pour les ateliers parents-enfants, nous n’accueillerons que quatre duos par séance. Certains de nos ateliers comprenaient une visite dans un musée parisien, elle sera remplacée par une visite Street art autour du musée, ou par une balade contée dans le Marais. Mais pour le reste du programme, il ressemblera à ce que nous avions prévu en mars, lorsque nous avons inauguré l’exposition consacrée à l’illustratrice Florie Saint-Val — son travail est très varié, de la BD à la céramique, ce qui me permettra de parler d’artistes comme Space Invader ou de l’architecte Undertwasser, et de leur faire faire du dessin ou du modelage. Et bien sûr, chaque enfant aura un matériel à lui, qui sera désinfecté avant d’être réutilisé.

Les enfants que je croise à l'école sont heureux d’être là, ravis de participer aux ateliers.

Pauline Lamy

 

‣ Quelles ont été les réactions des habitués du Musée à l’annonce de la réouverture ? Avez-vous déjà des inscriptions ?

 

Les réactions sont variées, et cela me paraît normal — on aborde ce contexte très différemment selon la manière dont on a vécu le confinement, ou si l’on connaît quelqu’un de gravement malade, de vulnérable…. Certains me disent qu’ils ont trop peur pour inscrire leurs enfants ; d’autres, qu’ils ne sont pas du tout inquiets, et qu’ils préfèrent les savoir à l’atelier plutôt que dehors dans la rue à jouer sans précaution avec les copains du quartier. Bref, oui, nous avons des inscriptions, mais c’est loin d’être complet.

 

‣ Comment vivez-vous cette période ? Etes-vous inquiète ?

Non, je n’ai pas de craintes. D’ailleurs, il ne faut pas : dans la mesure où j’accueille des enfants, je veux plutôt leur insuffler de l’optimisme et de la créativité ! Mais comme pour tout le monde, le confinement n’a pas été évident. Le plus compliqué, c’était de me sentir inutile. Là, depuis que j’ai repris les ateliers, je sais que ce que l’on fait au Musée de poche a du sens. Faire découvrir des artistes aux enfants, leur permettre de s’exprimer eux-mêmes dans une pratique artistique, c’est important. Plus que jamais, ils ont besoin de dévoiler leurs émotions, de libérer leur imaginaire, de s’échapper, de rêver…

Propos recueillis par Orianne Charpentier

 

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Les ateliers du Musée de poche.

A partir de 3 ans.

Reprise le mardi 2 juin pour les ateliers L’Art après l’école.

Reprise le mercredi 3 juin pour les ateliers Art en jeu et Artykid.

Les mer et sam, horaires variables selon activités.

Tarif : 20€.