Rencontre avec Wardine Ibouroi.

Tout public

portrait

Itinérant depuis 2013 dans le périmètre de la Goutte-d’Or, le très actif Home Sweet Mômes cherche un port d’attache et espère bien emporter le budget participatif.  

« Faire tomber les barrières », sourit Wardine Ibouroi, cofondateur de Home Sweet Mômes dont le projet d’ouverture d’un café des enfants à la Goutte-d’Or est soumis au budget participatif du 6 au 22 septembre. Itinérant depuis 2013, Home Sweet Mômes organise deux événements par mois, en alternance sur douze lieux partenaires dont l’Institut des cultures d’islam et le centre FGO-Barbara.

« Un café des enfants, c’est un espace de liberté pour l’enfant, un lieu de rencontre pour tous et d’accueil inconditionnel, affirme-t-il en insistant sur le dernier mot sans se départir de son large sourire. C’est le café du village à hauteur d’enfant. » La recette ? Un grand espace de jeu libre, où « l’enfant évolue comme bon lui semble », combiné à des ateliers gratuits sans inscription préalable et associé à une buvette proposant des petits plats à prix modique préparés par des gens du quartier.

En 2010, au moment où Wardine Ibouroi commence à plancher sur l’idée avec d’autres, il fait de l’accompagnement à la scolarité pour une association du quartier et s’inquiète de voir qu’il n’existe pas de lieu d’accès à la culture pour les moins de 6 ans, qu’il y a des enfants qui traînent dans la rue avec les plus grands, lesquels se retrouvent ainsi comme des parents de substitution et n’ont pas de temps pour leurs propres activités. « Pourquoi ne pas envisager un lieu où les deux ont leur place et où les parents aussi peuvent être présents ? Un lieu pour renforcer le lien de complicité parents-enfants – on sait que dans certaines famille ce temps est inexistant. On a trop tendance à segmenter les publics par type de population ou par problématique, à quel moment pense-t-on à les rassembler ? Un café des enfants, c’est un lieu d’innovation sociale », affirme Wardine Ibouroi, qui cite abondamment Anne-Marie Rodenas et l’exemple du Cafézoïde. « Rien à voir avec ces lieux cool où l’on papote entre adultes pendant que les enfants jouent dans un coin. Au Cafézoïde, ils n’ont pas de bureau, toute la place est dévolue aux enfants. Bien sûr que l’adulte est le bienvenu, mais le centre, c’est l’enfant. » Home Sweet Mômes, qui est membre de la Fédération des cafés des enfants, base ses actions sur la Convention internationale des droits de l’enfant.

« L’enfant n’est pas le citoyen de demain, c’est déjà le citoyen d’aujourd’hui. » Habitant de la Goutte-d’Or depuis près de trente ans et impliqué dans le monde associatif depuis l’adolescence, Wardine Ibouroi, père d’un petit garçon de 4 ans, évoque avec fierté les 40 nationalités différentes du quartier et la mixité qui s’y opère malgré les différences. Sa dernière idée : un groupe de parole entre pères un samedi par mois, coanimé par un spécialiste de l’enfance chaque fois différent, où les hommes, entre eux, parlent ouvertement d’éducation, de travail, de communication non violente… Avoir un local permettrait de développer beaucoup d’autres projets.

 Maïa Bouteillet