Portrait de Nadine Lahoud, fondatrice de l’association Veni Verdi
Tout public
portraitPour initier les enfants au jardinage, la fondatrice de l’association Veni Verdi, Nadine Lahoud, a eu l’idée de transformer les toits des collèges en champs miniatures.
Six établissements de l’Est parisien ont désormais un potager. En attendant les prochains… Au sommet des escaliers, derrière la grille barrée d’une pancarte peinte à la main où l’on peut lire « Le Jardin d’Haricot Poteur », le ciel commence. Et le jardin aussi – un carré luxuriant et touffu, où prospèrent pêle-mêle, entre les capucines et l’achillée, des tomates, des pommes de terre, du céleri, des choux, des pastèques, des aubergines… Ce jardin-là pousse au-dessus de salles de classe : c’est le tout premier que l’association Veni Verdi a créé sur le toit d’un collège – en l’occurrence le collège Henri-Matisse, dans le XXe arrondissement. Il est né d’une idée un peu folle, et de la patience passionnée de Nadine Lahoud, la fondatrice de Veni Verdi.
« Un jour, raconte-t-elle, je récoltais des haricots beurre dans un jardin partagé pas loin d’ici. Un enfant est venu m’aider, et il a dit : “Tiens, je ne savais pas que les frites poussaient comme ça.” Là j’ai pensé qu’il fallait vraiment faire quelque chose. » « Faire quelque chose », pour elle, c’était rendre le jardinage accessible aux enfants. Et notamment en installant des potagers à l’école – cultivés sans chimie, bien sûr. « Parce que jardiner, tout le monde peut le faire. Et plus on observe la terre, mieux on la comprend, et plus on a envie de la protéger. » Pour y parvenir, elle a dû attendre des feux verts, lancer des financements participatifs, et compter sur l’aide de bénévoles. Et finalement, en 2014, le jardin d’Henri-Matisse a vu le jour : « Pour porter les sacs de terre sur le toit, raconte Nadine Lahoud, on a fait appel aux bonnes volontés. On avait compté qu’il nous faudrait une journée pour tout faire, mais on a eu tant de monde qu’en cinquante-huit minutes, c’était bouclé. Et les gens sont partis aussitôt, comme ils étaient venus : j’avais prévu un repas pour les remercier, je me suis retrouvée avec un couscous pour trente personnes alors qu’on n’était plus que neuf. »
Plus on observe la terre, mieux on la comprend, et plus on a envie de la protéger.
Depuis, l’association a grossi, elle compte onze salariés, plus six jeunes en service civique, et cinq autres établissements ont contacté Veni Verdi pour verdir leurs toits. A chaque fois, les jardins créés deviennent le lieu d’ateliers coanimés avec des professeurs – l’idée étant de transposer au potager des enseignements traditionnels comme les sciences de la vie et de la Terre. Tout au long de l’année, les élèves y viennent aussi hors temps scolaire, sur leur pause déjeuner, pour jardiner bien sûr, mais aussi pour dessiner, flâner, ou bricoler.
Certaines sanctions disciplinaires trouvent leur résolution au potager, comme pour cet élève qui, ayant dégradé du matériel dans un collège, a dû construire des serres à châssis – ce qu’il a fait avec beaucoup de soin : « Tout un symbole, explique Nicolas, le responsable de projet au collège Flora-Tristan, puisqu’une serre, c’est là où tout naît, où tout peut renaître : un élève ne se réduit pas à ce qu’il a pu faire de négatif. » La production des potagers est partagée en partie avec les élèves, donnée à des associations comme Emmaüs, ou vendue une fois par semaine. L’association Veni Verdi se lance également dans la formation professionnelle, en accueillant des demandeurs d’emploi pour les initier à l’agriculture urbaine. Mais elle ne compte pas s’arrêter là :
« L’idée, conclut sa fondatrice, qui rêve de voir fleurir des fermes urbaines dans chaque arrondissement, c’est de faire jardiner le monde entier. Et de faire de chaque enfant un passionné de la planète. »
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Veni Verdi
Différents lieux à Paris, dans les IIe, XIIe, XIXe et XXe arrondissements
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© Anna Wanda Gogusey