Portrait de Perrine.

Tout public

portrait

Échange avec Perrine, jeune cadre qui se relève les manches pour redonner sa chance à la planète.

 « Je ne pensais pas qu’un enfant de 9 ans serait fier de composter », sourit Perrine. Dans sa résidence HLM de la porte de Clignancourt où elle a animé des ateliers nature, de nombreux gamins s’en souviennent encore et la relancent à chaque fois qu’ils la croisent dans les allées. Parmi la trentaine de foyers (sur 900) qui font usage du compost installé au pied des tours, « la plupart y sont venus parce que les enfants les ont incités ».

Quand cette jeune cadre dans le tourisme s’est installée là quatre ans auparavant avec son mari et un premier enfant, elle a entrepris de végétaliser son balcon puis s’est intéressée aux espaces verts alors peu exploités. Elle a tenté de mobiliser les voisins et suggéré un inventaire de la faune et de la flore de la résidence. « C’était très chronophage et pas évident à mener de front avec le travail, les filles en bas âge… Cela n’a pas pris, sauf avec les enfants ! » Jusqu’au jour où une poule (!) passe sous leurs fenêtres et où ils l’attrapent pour l’installer dans l’espace convoité pour les animations nature, bientôt rejointe par une deuxième. « On a lancé un appel à participation, sept familles se sont proposées pour s’en occuper, cela a vraiment créé un lien entre les résidents et cela nous a permis de mettre en place le composteur collectif : un geste en entraîne un autre ! » Parfois pas assez vite. Ainsi le projet d’installer des arbres fruitiers avec l’association des Vergers urbains a capoté suite à la fusion du bailleur avec un autre, provoquant le gel des budgets.

Aujourd’hui, Perrine est sur le point de monter une association pour relancer la création d’un jardin partagé et l’installation de ruches écologiques pour laquelle elle se forme auprès de Bagneux Environnement. « Cela prend du temps à organiser, il ne faut pas vouloir tout mettre en place tout de suite », sourit cette trentenaire qui, sous ses airs tranquilles, a tout de même réussi à créer un sacré élan collectif dans un contexte où ce n’est toujours pas gagné. Originaire de Picardie, d’une famille pas spécialement sensible à l’écologie, la jeune femme se réjouit que toutes ces thématiques soient désormais à la mode. « Il ne faut pas se mettre la pression. Zéro déchet, franchement, on essaie, mais ce n’est pas évident », dit-elle en regardant son mari qui fait le détour régulièrement par une enseigne bio vendant du lait en brique recyclable, et non en bouteille plastique. « On cuisine beaucoup et que du frais, ce qui limite aussi les déchets. Cela fait quinze ans que je mange de saison. Il y a toute une phase d’apprentissage. Je l’ai passée avant d’avoir mes enfants. » 

Maïa Bouteillet

 

Visuel © Camille de Cussac