Trois questions à Véra Briole

Tout public

entretien

Véra Briole, de l’association Vergers urbains.

On découvre Véra Briole au fond du beau petit jardin pédagogique aménagé depuis l’été 2014 par l’association Vergers urbains dans le square Rosa-Luxemburg, sous la structure d’acier qui supporte la bibliothèque Vaclav-Havel. Il faut passer outre l’abord isolé du lieu, pour admirer les enclos d’osier tressé, les pas japonais en mosaïque éclatants de couleurs, réalisés en ateliers avec les enfants du quartier, ainsi que le verger, qui sert aussi de pépinière à l’association, et dont les arbres en devenir seront ensuite replantés dans d’autres quartiers.

 

Quel est l’esprit de l’association Vergers urbains ?

Véra Briole, cofondatrice (avec Sébastien Goelzer, urbaniste spécialisé en permaculture urbaine):Le projet, c’est de revégétaliser la ville avec l’aide de ses habitants… mais pas avec n’importe quels végétaux : notre but, c’est de mettre du comestible partout où cela est possible. L’idée est née en 2011, lors d’une table ronde, quand tout le monde se creusait la tête pour imaginer la ville de demain : on a voulu créer des vergers au cœur de la ville.

Pourquoi cette idée de culture vivrière ?

V.B.:Il me semble évident que manger des fraises en décembre importées du Chili, c’est une hérésie, alors que l’on peut très bien cultiver sur des petites surfaces, à proximité, des fruits et légumes de saison. A une époque, Paris nourrissait Paris. Il y avait les asperges d’Argenteuil, les épinards de Vaugirard, et le quartier de la Goutte-d’Or doit son nom aux anciennes vignes qui y poussaient et qui donnaient du vin blanc. Et puis il y a du sens à manger ce que l’on a cueilli soi-même.

Comment se passe la création d’un projet ?

V.B.:Les habitants du quartier déposent une demande, et la mairie nous met en contact avec eux. Souvent, il s’agit pour les riverains de reprendre possession de leur espace public, de devenir acteurs de leur environnement. On fabrique des bacs en bois, on plante des pommiers, des framboisiers, des herbes aromatiques, des groseilliers. Parfois, il arrive que les installations soient endommagées. Alors je dis aux riverains : «  On vous vole un pot, replantez-en deux.  »Il suffit de prendre modèle sur la nature : quand on voit qu’un seul épi de blé contient une multitude d’autres épis de blé, qui contiennent des multitudes d’autres épis de blé… L’idée, en fait, c’est de coller à la logique de la vie .

 

M.B